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QUELLE
« MODERNISATION
SOCIALE » ?
Le Conseil
Constitutionnel
vient de rejeter une partie du dispositif anti-licenciement concocté par
le Gouvernement. Il ne pouvait pas en être autrement pour un plan, élaboré
en catastrophe par des Mandarins partagés entre la logique économique et
l’impératif social.
Dans leur désarroi ils ont même trouvé malin de baptiser de «
Plan de Modernisation Sociale » un ensemble de dispositions qui va pénaliser
les Entreprises et aussi, à terme, les Salariés ! Si la ‘Modernisation
Sociale’ consiste essentiellement à augmenter
le coût des licenciements, on peut se demander comment l’on
appellera demain le véritable « Progrès social » ?
Les coupables sont les Financiers et les Politiques.
En effet, les vrais responsables des licenciements, ce ne sont pas
seulement les entreprises. Ce sont aussi et surtout les financiers qui
depuis toujours imposent aux Politiques et aux Entreprises, les mauvaises
règles d’un jeu économique, qui n’a qu’un seul objectif, le
profit. Le malheur est que, soit par laxisme, incompétence ou
inconscience, les Hommes Politiques ont peu à peu favorisé
l’instauration de la ‘Loi de la jungle’ dans notre système économique
qui à présent, n’offre plus aux Entreprises qu’une seule alternative :
« Tuer ou être tuées ».
C’est à dire, pour les plus faibles d’entre elles, licencier pour ne
pas mourir, mais aussi pour les plus fortes, licencier pour faire toujours
plus de profits ! Malheureusement, la faune humaine est encore plus
sauvage que la faune animale, car si dans la jungle écologique les
animaux ne tuent que pour se nourrir, dans notre jungle économique, les
Hommes eux, tuent en permanence pour s’enrichir !
Oui ce sont bien les Politiques, qui en n’assumant pas leur
responsabilités, ont permis, sinon accepté, en ‘amont’, le développement d’un ultra-libéralisme excessif
dont le seul et unique dogme est de ‘laisser-faire, laisser- passer,
laisser-aller’, qui génère en
‘ Aval ’, un système inéquitable qui favorise les profits pour
une petite minorité de privilégiés, mais qui en contre partie, provoque
des injustices et des licenciements pour une grande majorité de Salariés !
Ne pas fragiliser les Entreprises. Comme
pour masquer ses erreurs et son incapacité à gérer, le Gouvernement
aujourd’hui crie haut et fort haro sur les Entreprises et veut les pénaliser
encore plus, en instaurant des lois ‘anti-licenciement’, sans
comprendre que ces mesures vont au contraire accroître encore plus, le Chômage
en France.
Augmenter le coût des licenciements pour maintenir à tout prix des
emplois devenus plus ou moins fictifs est une totale aberration. Pour les
grandes Firmes prédatrices qui licencient pour s’enrichir davantage,
cela peut se comprendre. Et encore car la concurrence internationale est là.
Mais pour les P.M.E., surtout pour celles qui ne vont pas trop bien , cela
équivaut ni plus ni moins à précipiter leurs faillites ! Supposons
que ne pouvant pas par exemple, payer de lourdes indemnités de
licenciement, une P.M.E. attende trop longtemps pour licencier
quelques Salariés, afin de d’ajuster son effectif aux besoins du
marché, il se pourrait qu’elle soit obligée dans les mois qui suivent,
de déposer son bilan et donc de licencier tout le monde ! Qui aura
gagné dans l’affaire ?
L’inéluctable R.T.T.
Qu’on le veuille ou non, la Réduction
du Temps de Travail, est à
présent devenue inévitable. En effet, grâce à nos progrès nous
travaillerons de moins en moins et nous produirons toujours de plus en
plus ! Nous allons vivre ce d’aucun appelle la fin de ‘
l’esclavage moderne ‘, ce qu’un grand sociologue américain, Jérémy
Rifkin, nomme « le déclin inexorable de l’emploi ».
Ajoutons que ce n’est pas quelques embellies sporadiques ou le développement
des Nouvelles Technologies, qui changerons quelque chose à cette évolution
lourde et irréversible. En toute logique, l’on ne peut avoir à la
fois, des ateliers et des bureaux qui s‘automatisent, s’informatisent
et qui produisent de plus en plus vite, et le plein-emploi à 40
ou même à 35 Heures par semaine, pour tous !
« Dans un marché donné, c’est le différentiel ’ croissance
/ productivité ‘ qui crée ou supprime des emplois » Toutes
les autres argumentations ne sont que des ratiocinations ! Alors,
comme en ce moment, où la croissance économique n’augmente que de 2 %
par An , et que la Productivité elle, s’accroît facilement du double,
les Entreprises se trouvant continuellement en sur-effectif, sont dans
l’obligation absolue de licencier !
Nos Dirigeants n’ont pas compris
qu’en ce début de XXIe Siècle leur combat contre les suppressions
d’emplois, est totalement dépassé et anachronique, et qu’il ne
s’inscrit plus dans le sens de l’Histoire ! En effet, grâce aux
immenses progrès technologiques réalisé par les Hommes depuis l’aube
des temps, le ‘ Concept
du Travail ‘ qui a été jusqu’à présent le fondement même
de nos Sociétés Modernes a perdu son caractère sacré. Alors
maintenant, au lieu de perdre du temps dans des luttes stériles et
d’arrière garde, les Politiques doivent œuvrer à démythifier le
Travail et à démystifier le
chômage. Cette perte d’activité, considérée jusque là comme un fléau,
sera demain une chance pour saisir d’autres opportunités, et permettre
à tout un chacun de trouver d’autres voies ou de réaliser d’autres
ambitions
Bien sûr le mal étant fait, il faut dans l’immédiat
prendre toutes les mesures nécessaires pour soigner au mieux les victimes
de cette monumentale erreur sociale et économique que constitue le Chômage.
Même si pendant quelques temps encore, les licenciement seront inévitables,
toutes les dispositions doivent être prises pour qu’aucun chômeur
n’en souffre ! Ce n’est tout de même pas aux Gouvernés de payer
les erreurs des Gouvernants !
Mais dés aujourd’hui, il faut nous projeter vers l’avenir et anticiper quelque peu
les mutations de notre Société. Parce que plus nos progrès
technologiques avanceront plus le temps de travail se transformera en
temps disponible, et plus il faudra trouver, et aussi de financer, des
activités nouvelles mieux adaptées au Monde nouveaux qui se dessine. Déjà,
en plus des trois secteurs existants, commence à émerger le secteur dit
‘quaternaire’ dans lequel les activités immatérielles, plus
conformes aux aspirations actuelles des Hommes surtout des Jeunes,
prendront le pas sur les activités matérielles. Le formidable développement
du monde associatif, qui à notre époque comprend plus de 800 000
Associations, pour un budget de l’ordre de 230 Milliards, prouve bien
que cette évolution est inéluctable !
Finie l’usine de Papa et Grand Papa
dans laquelle, ‘ profit et productivisme ‘, sont les maîtres mots.
Demain nombreux seront ceux qui voudront trouver une réponse, à leur
aspiration de développement personnel dans des activités d’utilité
publique, ou à leur besoin de s’impliquer dans des travaux collectifs
ou des activités humanitaires. Tous ces travaux ou actions pourtant nécessaires
que l’on ne fait pas sous prétexte que cela coûterait trop cher !
Alors se pose la question du financement. A ce jour trois idées peuvent
être avancées :
Tout d’abord, remettre de l’ordre dans le colossal budget du
traitement du chômage : le montant faramineux des indemnités,
toutes les aides et allocations accordées sinon gaspillées, les primes
et les exonérations à l’embauche, notamment pour les 35 h., les stages
bidons, les faux emplois, etc
Le sociologue Français, Roger Sue, a émis l’idée
de taxer les entreprises qui réalisent des gros bénéfices,
faisant ainsi participer indirectement les actionnaires au financement
d’actions sociales.
Quant au philosophe du travail, André Gorz, il propose la création
d’une « Allocation universelle de revenu », ce qui est très
différent mais qui faciliterait bien notre grande mutation socio-économique.
Parce qu’il ne fait aucun doute en effet, que nous allons vivre une
fantastique mutation sociétale. Il appartient à nos Dirigeants de nous
nous y préparer et de prévoir les évolutions sociales qui déjà
s’annoncent, inventer des activités nouvelles, envisager des formes
nouvelles de rémunération, créer
des structures de formation et d’éducation permanentes plus
intellectuelles et peut-être aussi spirituelles, transformer l’économie
de marché en économie humaine, veiller à ce que le progrès
technologique génère du progrès social, etc…etc…
C’est à dire en un mot, faire véritablement un
« Plan de
Modernisation Sociétale »
Raymond MONEDI
Président Honoraire d’ ‘ADOUR COMPETITIVITE
Manager du ‘ Cercle P.E.P.‘
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